Action du 13 juin 2009



Samedi 13 juin 2009


Plus de 100 personnes ont manifesté avec TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg), OtR (Over the Rainbow) et STS (Support Transgenre Strasbourg) et La Lune ce samedi 13 juin à l'occasion de la 8ème Marche de la Visibilité Homosexuelle, Bisexuelle et Transgenre de Strasbourg. Le mot d'ordre décidé cette année par les organisateurs de la Marche était : « Ensemble, se souvenir pour mieux agir. 1969 Stonewall ; 2009 Strasbourg »

Notre pink-black-red block (notre arc-en-ciel à nous) affirmait : « 69 année érotique - 2009 année politique ! » et « Nous ne voulons pas d'un monde plus « tolérant », nous voulons un monde différent »

Tract diffusé lors de cette Marche : 



Tract


2009 ANNÉE POLITIQUE
LE 1er JOUR DU RESTE DE NOS VIES



D'une Marche à l'autre, les années se suivent. Celle qui s'écoule est amère. Chaque jour se succèdent rafles et provocations, violences policières et licenciements.
Dans ce monde régi par la compétition de chacunE avec touTEs, il y a « nous », séropos sacrifiéEs pour l'intérêt de l'industrie pharmaceutique, intersexes mutiléEs, transpédébigouines, psychiatriséEs, harceléEs, insultéEs, menacéEs, humiliéEs, stigmatiséEs, violéEs, torturéEs, penduEs, assassinéEs. En un mot : oppriméEs, parce que transpédébigouines, séropos et intersexes.
Nous ne quémandons ni tolérance ni indifférence. Nous exigeons l'égalité absolue entre les sexes, entre les genres, entre les orientations sexuelles : nous nous battons pour un monde débarrassé du patriarcat. Nous exigeons l'égalité absolue entre touTEs : nous nous battons pour un monde débarrassé du capitalisme et des nationalismes.



Une communauté absente


Nous, transpédébigouines, un jour, avons refusé d'être à la solde de désirs qui n'étaient pas les nôtres, avons refusé de nous consacrer à une vie qui était dessinée par d'autres. Nous avons déserté l'évidence hétérosexuelle.
Cette désertion, ce refus, devraient faire de nous des individus plus libres, prêts à en découdre avec tout ce qui apparaît comme « naturel », « logique », « normal ». Nous l'avons vécu physiquement : derrière la normalité se cache toujours un flic pour nous rappeler ce qu'est la volatile normalité. Nous avons désobéï à ce flic. Cela devrait donc faire de nous des individus prompts à la résistance. Il n'en est rien : pas de mécanique huilée, pas de logique automatique.
Transpédébigouines, notre communauté est une coquille vide, un artifice médiatique pour effrayer la vieille France papiste ou les Républicains paranoïaques. Notre « communauté » est absente lorsque des sans-papiers pédés risquent l'expulsion, absente lorsque le Vatican crache sa haine, absente lorsque Bachelot parade à Pékin pour les JO tandis qu'on parle SIDA à Mexico, absente lorsqu'on inaugure la scélérate franchise médicale, absente quand la droite délire sur l'homoparentalité, absente quand à Moscou, en Iran, en Pologne etc on interdit des Prides et emprisonne des transpédébigouines.
Notre solidarité est aujourd'hui une fiction. Quelques-unEs, quelques assocs, quelques groupes maintiennent comme elles peuvent l'illusion d'une communauté mobilisée, sur le qui-vive, fièrement acharnéEs à poursuivre un héritage de luttes. Tout cela ne nous rend ni tristes ni dépriméEs. Juste impatientEs : notre « communauté » n'a pas encore ou n'a plus de présent, elle doit redevenir un projet.



1, 2, 3 Stonewall ?


Notre communauté est, aujourd'hui, assignée dans le passé, embaumée. Il est de bon ton de se draper dans les habits trop grands de Stonewall. Stonewall est folklorique, Stonewall, notre nouveau culte. On commémore, on ne tardera d'ailleurs pas à exiger des monuments : tout est bon pour glorifier un passé mythique et déserter le présent et ses enjeux.
Il ne s'agit pas de refuser Stonewall, au contraire, mais de se méfier de notre histoire lorsqu'elle ne se conjugue qu'au passé.
Bien sûr, si Stonewall signifie le refus définitif et déterminé de l'oppression, si Stonewall signifie, toujours, talons aiguilles à la main, très concrètement, le refus des polices et des humiliations, alors oui, un nouveau Stonewall est une nécessité. On ferait d'ailleurs mieux de se préparer à son imminence plutôt que de célébrer, narcissiquement, une lutte à laquelle nous n'avons pas pris part. Nos hommages nous les rendrons dans la rue, inspiréEs par ce qui nous a précédé, mais dans la situation neuve qui est la nôtre.



Notre histoire n'est pas finie


L'histoire se poursuit, bon an mal an. Nous la subissons aujourd'hui, plus que nous la fabriquons. Il n'empêche : de-ci de-là des signes nous encouragent. Il se pourrait bien que très prochainement celles et ceux qui n'ont vraiment rien d'autre à perdre que leurs chaînes se mettent de nouveau à faire de la politique, à arracher la politique à ceux qui la réservent à la gestion des intérêts marchands, à la propriété des dominants, et exigent ce qui leur est dû : l'égalité.
Notre histoire n'est pas finie. Ce que nous appelons politique, c'est ça : lorsque les oppriméEs se mettent à construire leur histoire. Nous l'avons fait, individuellement, en sortant du placard. Nous l'expérimentons, petitement mais joyeusement, à quelques-unEs, ici, à Strasbourg, à TaPaGeS, dans nos vies amoureuses, dans nos vies sexuelles, dans nos amitiés politiques et nos échanges. Il nous tarde de le faire, collectivement, à grande échelle.

Nous n'attendons aucun miracle. Nous commençons donc à construire, patiemment, déterminéEs, en colère et heureuSEs. Et de cet acharnement à contre-courant, de notre fidélité à quelques principes, de notre militantisme joyeux, de nos espérances inaltérables, de tout cela dont on voudrait nous faire honte, nous sommes fierEs.



TaPaGeS, le 13 juin 2009
TransPédéGouines de Strasbourg




Photos de l'action


 





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