Action du 15 décembre 2007



Samedi 15 décembre 2007


À l'appel de TaPaGeS suite à l'exécution de Makwan Moloudzadeh, une vingtaine de personnes se sont retrouvées samedi 15 décembre devant l'entrée de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg. Après une prise de parole pour rappeler nos exigences, les militantEs ont procédé à un die-in symbolisant les mortEs LGBT en Iran.



Communiqué de presse



Makwan = mort : un événement politique



L'exécution de Makwan Moloudzadeh, le 5 décembre dernier, est passée presque inaperçue, ici.
En Iran, 6000 personnes ont rendu hommage à ce jeune Kurde exécuté. En France : quasi rien. Il est vrai qu'on ne sait plus où donner de la tête : les menaces qui pèsent à l'encontre de personnes LGBT sont si fréquentes que nos insuffisantes mobilisations menacent de s'épuiser. On s'habitue par là doucement à ce que les cadavres fassent partie du paysage, à vivre sereinement dans un monde où, au même moment, on emprisonne, tabasse, assassine, exécute des pédés, des gouines, des trans'.

Il fallait, nous semblait-il, se rassembler. Qu'à ce crime ne succède pas seulement la frénésie des achats de Noël, des asphyxiantes discussions familiales. Bref, que la mort de Makwan soit reconnue comme l'événement politique qu'elle est, comme l'est toute agression, tout assassinat d'une personne LGBT au motif de son orientation sexuelle ou de son identité de genre. Notre présence plutôt que rien - même si celle-ci est encore une fois symbolique.

Nous écrivions, dans notre appel à rassemblement, que l'État Français, par son silence, était comptable de cette mort. Nous assumons : le silence, les avis timorés, les modérations diplomatiques témoignent d'orientations politiques. Mais voilà, l'État Français avait condamné l'exécution de Makwan, le 7 décembre. Nous ne l'avons su qu'après coup. Les ricanants ont ricané : nous étions démentiEs par les faits. Soit.
Seulement : La condamnation par l'État de ce crime devrait donc nous satisfaire ? Ce communiqué, nous l'avons lu jusqu'à l'épuisement, à la recherche d'un mot. Nous n'y avons trouvé nulle part le mobile de ce crime d'État : l'homosexualité.
Que Makwan ait eu des relations homosexuelles : cela ne doit pas être dit. Qu'un pédé n'a pas à être persécuté pour motif d'homosexualité, nulle part, qu'il soit majeur ou mineur : cela ne doit pas être dit.
L'État Français se scandalise : Makwan était trop jeune au moment des faits pour être condamné.
L'État Français aime les enfants.
Mais l'État Français n'aime pas les pédés.

L'État Français aime surtout les « Droits de l'Homme ». Enfin : ça dépend quels droits et ça dépend de quelLE homme.

Il faut faire éclater le cynisme, l'arrogance et le racisme de l'idéologie des « Droits de l'Homme » (riche, blanc, straight, chrétien, séronegatif etc.)

Car le discours de Sarkozy sur les « Droits de l'Homme » n'est pas qu'une simple et obscène opération de communication. Il véhicule, en outre, une conception du monde détestable.

Pour lui, en effet, il y a « nous, membres des nations éclairées » et « eux, englués dans les ténèbres ». Il y a « nous, qui en savons un rayon sur les Droits de l'Homme » et « eux, qui sont totalement à la ramasse ».

Cette vision du monde ne sert qu'à légitimer et entretenir la fiction intéressée du « choc des civilisations ». Dans cette optique, il y aurait la France, l'Iran, etc... À prendre en bloc, en gros, en lourd. Des pays uniformes, taillés dans la même glaise, sans contradictions, ni conflits.

Dans ces conditions, on efface les peuples et les résistances : y a eux et nous, et nous c'est mieux.

Ce partage du monde n'est pas le nôtre. Nous re-découpons le monde à notre manière, à la recherche de ses failles : il y a toujours « eux et nous », mais la ligne de fracture n'est plus la même. Elle est entre nous et ceux qui n'ont aucun intérêt à l'émancipation des peuples et des personnes.

De l'Iran, nous connaissons, par des amiEs, les résistances du peuple. Les résistances des femmes, des militantEs progressistes, des personnes LGBT. Résistances opiniâtres, difficiles. Notre tâche est de les soutenir, inconditionnellement. De là où on peut. Et là où on peut, pour nous, c'est ici. C'est peser de toutes nos forces sur l'État Français. Et l'obliger. L'obliger, par exemple, à accueillir toute personne migrante qui en fait la demande. L'obliger à s'engager pour la dépénalisation partout des homosexualités.

Mais voilà : un monde sépare les intérêts des unEs des revendications des autres.

Nous connaissons le racisme qui anime la politique d'immigration de l'État Français. Nous connaissons l'homophobie de Vanneste, Boutin et de leurs amiEs. Et nous savons comment ils/elles sont aujourd'hui soutenuEs par Sarkozy.

Nos deux revendications (minimales), droit d'asile et dépénalisation des homosexualités, nous ne les obtiendrons donc que par l'instauration de rapports de force conséquents.

Nous voulions signifier, ce samedi, devant un Palais des Droits de l'Homme désert, que la mort de Makwan était un événement politique : un crime, plus précisément. Et qu'un crime politique appelle une réponse politique. Une réponse qu'il nous reste à construire si nous voulons que la mort de Makwan soit la dernière.



TaPaGeS, le 15 décembre 2007
Transpédégouines de Strasbourg




Photos de l'action


 





URL de cette page : http://tapages67.org/_pages/actions/act_20071215.html

Copyright © TaPaGeS 2007