Action du 1er décembre 2006



Vendredi 1er décembre 2006


Nous participons, comme environ 400 personnes au total, à la marche strasbourgeoise de la 19ème Journée mondiale de lutte contre le SIDA. AIDES 67, qui organise cette marche, veut agressivement nous "interdire" de distribuer notre tract lors de la marche, mais nous passons outre leur "interdiction", car nous considérons que personne ne doit avoir le monopole de la lutte contre le SIDA, et que notre colère et nos revendications sont justifiées. Les participantEs à la marche nous approuvent visiblement : tous les 500 exemplaires de notre tract trouvent preneur/-se. Tout au long de la marche, qui pour nous n'a pas à être plus silencieuse que celle de l'année précédente, nous arborons notre banderole disant "SIDA : La mort est politique" tout en scandant des slogans (p.ex. "SIDAssassin, le Pouvoir ne fait rien !", "Séropos expulséEs, séropos assassinéEs !", "Des molécules pour qu'on s'encule, et des traitements pour nos amants !", "Y en a assez, assez, assez de cette société qui ne respecte pas les trans', les putes et les droguéEs !"). Nous affichons également des autocollants disant p.ex. "État, labos, curés : le cynisme nous tue", "TransPédéGouines, nous ne nous laisserons pas faire !". Les media s'intéressent à nous, comme nous sommes le seul groupe visiblement militant du cortège.



Communiqué de presse


DIES IRAE (Jour de colère)


Malgré l'"interdiction" par la présidente d'AIDES 67 *, organisateur de la marche, quelques heures avant le début de celle-ci, de toute diffusion de notre tract, malgré l'injonction agressive d'un militant d'AIDES 67 avant le départ de la marche, TaPaGeS, soutenu par trois associations LGBT (Lesbiennes/Gay/Bi/Trans') de Strasbourg, est passé outre l'abus d'autorité d'AIDES 67. Nous dénonçons cette volonté de faire taire tout discours et de s'en tenir à un unanimisme compassionnel. À une grande messe autour de Fabienne Keller (chaleureusement remerciée par AIDES 67), la mairesse de Strasbourg qui, il n'y a pas si longtemps, trouvait encore que les capotes faisaient mauvais genre au Marché de Noël. C'est drôle comme la politique est respectable lorsqu'elle arbore des écharpes tricolores, et visiblement infâme lorsqu'elle provient de TransPédéGouines, candidatEs à rien, si ce n'est à l'égalité et au respect.

Notre présence était militante. Les larmes, la compassion, nous les gardons pour la vie quotidienne. Et nous n'avons aucune leçon à recevoir. Le SIDA touche aussi nos vies : il n'y a pas de monopole de la douleur, de chasse gardée. Cette manière de vouloir nous opposer aux malades est abjecte. Et cette mise en scène religieuse de "l'unité politique" est obscène. C'est précisément ces faux consensus que nous refusons. Cette manière d'oublier que le SIDA nous divise : que certainEs (l'État, les labos, le Vatican, la Bourgeoisie et sa morale) sont les complices objectifs de sa propagation.

Nous ne nous satisfaisons pas d'être des victimes. C'est vrai, c'est plus commode : cette place arrange tout le monde. Elle permet à chacunE de montrer qu'il/elle a du cœur. Une fois par an.

Le 1er décembre visibilise notre colère : c'est une journée de lutte contre le SIDA. Et rien n'y fera : aux recueillements et aux mortifications, nous opposerons toujours l'expression de la colère. Aux vallées de larmes, des torrents de rage. Se taire c'est cautionner. Cautionner l'inaction criminelle de l'État, l'absence de toute politique de prévention. Se taire, c'est continuer à invisibiliser le sort des pays dits du Tiers-Monde voués à la mort. Se taire, c'est tolérer les expulsions de sans-papiers séropos, les détenuEs malades, la chasse aux putes et aux toxs. Se taire, c'est signer des chèques en blanc au Vatican et aux ligues de "vertu". Se taire, c'est accepter une fois encore d'occulter que l'on s'encule, que l'on se suce (entre autres !), pour ne pas froisser les âmes puritaines qui désexualisent et dé-transpédégouinisent le SIDA. Se taire, enfin, c'est se faire l'alliéE du Capitalisme et de la logique criminelle du profit et des marchés.

"La mort est politique" disions-nous ce 1er décembre. Nous persistons. Nous ne rentrerons pas dans le rang.



TaPaGeS, le 1er décembre 2006
Transpédégouines de Strasbourg




* Notre communiqué de presse du 1er décembre 2006 suite à cette "interdiction" parvenue par e-mail :

AIDES 67 CENSURE TAPAGES (TRANSPÉDÉGOUINES DE STRASBOURG)

Dans un mail, ce jour, la présidente d'AIDES 67 informe TaPaGeS qu'elle ne nous autorise pas à diffuser notre tract ce soir à la marche du 1er décembre ("Je vous informe que je ne peux vous laisser tracter ce jour-là").

"Si vous souhaitez vous investir et vous mobiliser dans la lutte contre le SIDA il faut le faire toute l'année et non le jour du souvenir et de partage pour les personnes touchées et leurs proches et aussi journée spéciale pour les personnes investies dans la lutte" affirme la présidente.

Elle précise par ailleurs : "Je ne crois pas que AIDES et les autres associations de lutte contre le SIDA et les personnes ont ce jour-là encore envie de ce genre de manifestation et je trouve dommage que TAPAGES se mobilise cette année (période pré-électorale) et pas les 364 autres jours de l'année (en tous cas de façon très visible). Ce qui permet une visibilité au quotidien et non une journée par an".

Il va de soi que nous ne tiendrons pas compte un instant de cette injonction hallucinante, et que nous serons présentEs ce soir à 18 h place Kléber avec notre banderole et nos tracts.

TaPaGeS (TransPédéGouines de Strasbourg)
Le 1er décembre 2006




Photos de l'action





Vidéo de l'action

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Article paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace


Strasbourg - Strasbourg / Journée de lutte contre le sida

Difficile de maintenir la flamme

Avec 400 participants, la marche aux flambeaux contre le sida était un peu plus étoffée que l'an dernier. Mais la mobilisation reste difficile, comme la lutte contre ce fléau.

Si cette manifestation organisée par AIDES 67 réunit plusieurs associations, le collectif qui s'était constitué ces dernières années a volé en éclat. « Mais toutes les structures se mobilisent. Il y a beaucoup d'actions sur le dépistage et sur l'accueil », affirme Élisabeth Ramel, présidente de AIDES 67. La mobilisation pour la marche aux flambeaux pourtant s'essouffle. On est loin des 800 personnes qu'elle rassemblait en 2004. Tous en tout cas étaient unis derrière la banderole rappelant la journée mondiale de lutte contre le sida. Sauf Tapages (transpédégouines) qui, en fin de cortège, faisait bande à part avec ce slogan « sida : la mort est politique ».

1 000 bougies allumées place Kléber

C'est en silence que la manifestation a défilé à travers la ville. S'y étaient associés Fabienne Keller, Catherine Zuber, son adjointe, le député PS Armand Jung. Et aussi ceux qui côtoient quotidiennement les malades du sida, Denis Ledogar et le professeur Jean-Marie Lang qui se bat depuis des années contre cette maladie. Malheureusement, précise-t-il, « il y a une augmentation des nouvelles séroposivités et une accélération de l'épidémie chez les homosexuels masculins ». Ce qui est bien la preuve qu'on régresse. « Les succès qu'on pensait assurés sont remis en cause ». Le professeur Lang tempête contre les dépistages tardifs ou pratiqués en dépit du bon sens. « Il faut une meilleure formation des médecins qui passent à côté des problèmes », déclare-t-il. Si on pense au sida pour les populations jeunes, on l'oublie pour les plus âgés. Or, souligne-t-il, « l'âge moyen de la séroposivité a augmenté. Il est de près de 40 ans ». Pour se souvenir de tous ceux qui sont morts du sida l'an dernier en France, 1 000 bougies ont été allumées place Kléber.

C.G.

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